Préface
Je promène ici le lecteur par une rue longue et changeante.
Au bout d’un trottoir terreux, dont on évite les flaques en maugréant, on avance sur des dalles solides, mais aucune plaque ne confirme le nom de la voie. On ne peut le lire qu’en atteignant une portion intéressante, ponctuée de pavillons anciens, presque identiques.
Ensuite, une bifurcation vous fait craindre une erreur ; fort heureusement, les deux tronçons, avant de se rejoindre, longent un mince îlot de maisons dont la démolition semble programmée. Puis on marche longtemps sous des échafaudages ou de formidables emprises, avant de rencontrer sur une placette une charmante église à l’antique, lieu de concerts spirituels.
Aussitôt après, le changement des canalisations réduit le passage des piétons et les oblige à alterner dans un couloir étroit, créé par des barrières. Vient alors la traversée, en deux temps, d’un grand axe perpendiculaire. Nulle protection : l’on est frôlé au milieu par deux flux de voitures rapides. Cette difficulté passée, on doit franchir une zone de terrains vagues, très déprimants.
A la fin, l’on s’exclame de surprise en voyant apparaître de belles demeures à l’anglaise, dont l’excavation continue est bordée d’une grille impeccablement laquée. Au-delà, le mur aveugle d’un entrepôt est orné d’une façade en trompe-l’œil. On arrive bientôt à la porte d’un bois couvrant le flanc d’une colline que coiffent les ruines d’une vieille forteresse.
De l’autre côté du fleuve et sur le territoire de la commune voisine, se déploie le même genre d’itinéraire…